- châtier
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1 ♦ Infliger à (qqn) une peine pour corriger. ⇒ punir, réprimer; châtiment. Châtier un coupable, un criminel pour faire un exemple. Châtier qqn de (qqch., une faute), pour (une faute, un défaut). PROV. Qui aime bien châtie bien : corriger qqn c'est témoigner de l'intérêt, de l'affection qu'on lui porte. — Fig. Châtier une faute, l'audace, l'insolence de qqn. « Le rire châtie certains défauts » (Bergson).2 ♦ (XIIe) Châtier son corps, pronom. se châtier : imposer à son corps des privations, des souffrances. ⇒ mortifier. « Je châtiais allégrement ma chair » (A. Gide).3 ♦ (1661) Fig. Rendre (le style) plus correct et plus pur. ⇒ corriger, épurer, perfectionner, polir. Châtier son langage. — P. p. adj. Style châtié. ⇒ dépouillé, épuré, 1. poli, pur.⊗ CONTR. Récompenser. Encourager.Synonymes :- corriger- punirContraires :- encenser- flatter- louer- récompenserChâtier son corps, sa chairSynonymes :Châtier son style, son langageSynonymes :- affiner- corriger- épurer- polirchâtierv. tr.d1./d Litt. Infliger une peine à. Châtier un criminel.— Prov. Qui aime bien châtie bien: c'est aimer véritablement qqn que de le reprendre de ses fautes.d2./d Fig., litt. Punir (qqch). Châtier l'audace de qqn.d3./d Fig. Rendre plus pur, plus correct. Châtier son style.— Pp. adj. Langage châtié.⇒CHÂTIER, verbe trans.A.— [L'obj. désigne une pers. ou une partie du corps humain]1. [Une pers.] Littér. Punir sévèrement celui qui a commis une faute, en vue de le corriger, de le rendre meilleur. Châtier un enfant, un coupable, un traître, un peuple rebelle; châtier durement, sévèrement, justement. Anton. récompenser. Si Jahvé corrige et éprouve, c'est par amour, comme un père qui châtie son enfant (Dict. de théol. cath., t. 4, 1re part., 1920, p. 976) :• 1. ... si sévère qu'elle fût envers ses enfants, elle ne les fouettait jamais au moment où elle les prenait en faute, ne voulant pas, disait-elle, les châtier alors qu'ils avaient le cœur gros. Elle attendait qu'ils se fussent calmés pour aller chercher les verges.GREEN, Journal, 1935-39, p. 227.— P. métaph. :• 2. ... Roussainville, tantôt, quand la pluie avait déjà cessé pour nous, continuait à être châtié comme un village de la Bible par toutes les lances de l'orage qui flagellaient obliquement les demeures de ses habitants, ou bien était déjà pardonné par Dieu le Père qui faisait descendre vers lui, inégalement longues, comme les rayons d'un ostensoir d'autel, les tiges d'or effrangées de son soleil reparu.PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 152.— Proverbe. Qui aime bien châtie bien. Corriger quelqu'un, c'est lui prouver qu'on l'aime vraiment, qu'on veut son bien (cf. ALAIN, Propos, 1913, p. 157).— P. ext., ÉQUIT. Châtier un cheval. Lui donner des coups d'éperon ou de cravache pour le faire obéir. Quand la bête se bloquait, il la châtiait rudement. La main tordait les rênes comme un garot, sciait les lèvres; les longues jambes lardaient le ventre à grands coups d'éperon (VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 184).— P. méton. Châtier une faute, un vice (par exemple l'orgueil, un crime, une hérésie). Synon. réprimer :• 3. La nature à l'homme s'alliePour châtier comme il le fautL'orgueilleuse mélancolieQui vous fait marcher le front haut, ...VERLAINE, Poèmes saturniens, Eaux-fortes, Grotesques, 1866, p. 69.2. [Une partie du corps] Littér. Châtier son corps, sa chair. S'imposer des souffrances physiques, des privations, pour un motif religieux de pénitence, ou moral, ou utilitaire. Elle [Céline] châtia de son mieux ses innocents petits sens. Elle se priva des plats qu'elle aimait (E. et J. DE GONCOURT, Sœur Philomène, 1861, p. 41).— Se châtier. Châtier son corps, se mortifier.— En partic. Châtier ses nerfs, sa voix. Les maîtriser, les discipliner par un rude effort (cf. CENDRARS, Moravagine, 1926, p. 57).B.— Fig., LITT. [L'obj. désigne le style, le lang., la diction, etc.] Le travailler dans un souci d'extrême correction, d'extrême pureté. Synon. polir. Châtier son style, sa prose. Il n'a pas assez châtié ses derniers ouvrages (Ac. 1798-1932).Prononc. et Orth. :[
], (je) châtie [
]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. Chastier; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. Xe s. castier « réprimander, blâmer » (St Léger, éd. J. Linskill, 18, 104), encore dans la lang. class. (v. LITTRÉ); 2. [XIe s. d'apr. Lar. Lang. fr. et FEW, s.v. castigare] 1160-74 chastier « punir » (WACE, Rou, éd. H. Andresen, II, 2048); 1350-1400 proverbe Qui bien ayme bien chastie (Proverbes fr., éd. J. Morawski, 1836); 3. 1121-35 spéc. sa chair chastïer (PH. DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 2772); 4. ca 1170 Soi chastier « se corriger, s'amender (d'un défaut) » ([CHREST. DE TROYES], G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 1187); 5. 1661 littér. « corriger le style » (SOMAIZE, Dict. des Précieuses, p. 201 ds BRUNOT t. 3, p. 252). Du lat. castigare « corriger » attesté en lat. eccl. au sens de « se mortifier » (Pseudo-Hilaire ds BLAISE). Fréq. abs. littér. :314. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 313, b) 595; XXe s. : a) 593, b) 391. Bbg. THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 139.
châtier [ʃɑtje] v. tr.ÉTYM. Xe, castier; du lat. castigare « corriger ».❖1 (V. 1170). Littér. ou vieilli. Infliger à (qqn) une peine sévère pour corriger. ⇒ Corriger, punir. || Châtier un coupable, un criminel pour faire un exemple. || Châtier un enfant corporellement. ⇒ Battre. || Châtier les rebelles. || Dieu châtie les hommes. || Châtier qqn de (qqch., une faute), pour (une faute, un défaut).1 Car l'Éternel châtie celui qu'il aime,Comme un père l'enfant qu'il chérit.Bible (Segond), Proverbes, III, 12.2 Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?Dit cet animal plein de rage.Tu seras châtié de ta témérité.La Fontaine, Fables, I, 10.3 Je me souviens qu'une fois que mon père le châtiait (mon frère) rudement et avec colère, je me jetai impétueusement entre deux, l'embrassant étroitement.Rousseau, les Confessions, I.4 (…) vous êtes le maître à tous ici. Mais, comme cela est contre nature, et que vous y arrivez par des moyens que Dieu réprouve, Dieu vous châtie, vous rendant encore plus malheureux que vous ne le seriez en obéissant au lieu de commander.G. Sand, la Petite Fadette, XXXVIII, p. 243.♦ ☑ (V. 1375). Prov. Qui aime bien châtie bien : corriger qqn c'est témoigner de l'intérêt, de l'affection qu'on lui porte.♦ Équit. || Châtier un cheval, lui donner des coups pour le forcer à obéir.♦ Fig. || Châtier une faute (→ Penaud, cit. 2). || Châtier l'audace, l'insolence de qqn. — (Sujet n. de chose) :5 Le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès, frappant des innocents, épargnant des coupables, visant à un résultat général et ne pouvant faire à chaque cas individuel l'honneur de l'examiner séparément.H. Bergson, le Rire, p. 201.2 (V. 1130). Relig. ou littér. || Châtier son corps : imposer à son corps des privations, des souffrances dans un but pratique ou par ascétisme. ⇒ Mortifier.6 Je châtiais allégrement ma chair, éprouvant plus de volupté dans le châtiment que dans la faute — tant je me grisais d'orgueil à ne pas pécher simplement.Gide, les Nourritures terrestres, I.7 C'était (…) un bègue intermittent, en ce sens qu'il avait adopté des disciplines, fait maint et maint exercice, châtié la carcasse et obtenu, finalement, gain de cause.G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, X, p. 183.♦ Spécialt. || Châtier ses nerfs, sa voix, les maîtriser.3 (1661). Littér., arts. Rendre plus correct et plus pur (le style). ⇒ Corriger, épurer, perfectionner, polir, raboter, rectifier, retoucher, revoir. || Châtier son style. — Pron. :8 Rubens ne se châtie pas, et il fait bien. En se permettant tout, il vous porte au delà de la limite qu'atteignent à peine les plus grands peintres; il vous domine, il vous écrase sous tant de liberté et de hardiesse (…)E. Delacroix, Écrits, t. II, p. 73.——————se châtier v. pron.♦ Réfl. || Se châtier : châtier (2.) son corps.——————châtié, ée p. p. adj.♦ (En parlant du style). Qui vise à une correction et une pureté parfaites. ⇒ Académique, classique, dépouillé, épuré, poli, pur. || Un style châtié. — Un auteur châtié, qui a un style châtié.9 Son style était plus suivi et plus châtié.❖CONTR. Récompenser. — Encourager.DÉR. Châtieur, châtiment.COMP. (Du p. p.) Inchâtié.
Encyclopédie Universelle. 2012.